En bref :
'Hannouka est la fête des lumières. Pendant 8 jours, nous allumons la 'Hannoukia, ce candélabre à 9 branches, pour nous rappeler du miracle qui s'est produit lors de la destruction du 1er Temple de Jérusalem. Les Cohanims n'ont retrouvé qu'une seule fiole d'huile pour allumer la ménorah, candélabre du Temple, et celle-ci ne devait rester allumée qu'un jour. C'est là que le miracle se passa : la fiole resta allumée pendant 8 jours ! C'est pour cela que nous fetons 'Hannouka.
En détail :
Nous sommes au deuxième siècle avant l'ère chrétienne. La Judée, qui avait été conquise par Alexandre le Grand, est aux mains des Séleucides. Sa position stratégique au carrefour de l'Asie et de l'Afrique fait d'elle un enjeu vital dans la lutte entre les Ptolémées d'Egypte et les Séleucides gréco-syriens. Par ailleurs, la population subit l'influence grandissante de la culture hellénistique qui fait de nombreuses émules au sein de la jeunesse.
La menace de destruction physique et culturelle est donc contenue à grande peine par les tenants de la tradition hébraïque. C'est à cette époque que le roi Antiochus IV Epiphane décide l'acculturation forcée des juifs. Il interdit l'étude de la Torah, la pratique de la circoncision, le respect du Chabbat. Par ailleurs, tout est mis en œuvre pour helléniser la population. Nombreux sont ceux qui prennent des noms grecs ou se marient avec des non-juives. Cette tendance se retrouve aussi parmi le clergé où des prêtres se font les complices de l'occupant pour piller le trésor du Temple.
C'est de Modine, un petit village de Judée, que le Grand-Prêtre Mattathias va lancer la révolte. Suivi par ses cinq fils dont Judah, qui sera un temps le chef militaire, la rébellion va se propager à travers toute la Judée. Les Syriens envoient des armées de plus en plus nombreuses et puissantes, mais ils sont à chaque fois défaits par les Maccabées qui gagnent de plus en plus de terrain.
En l'an 164 avant JC, ceux-ci pénètrent finalement dans Jérusalem. Ils trouvent le Temple souillé, saccagé et pillé. Ne perdant pas de temps, ils le nettoient et le restaurent. Ils fabriquent un nouveau Candélabre, et le 25 du mois de Kislev, ils inaugurent le Temple réhabilité.
Mais lorsqu'il veulent allumer la Menora, ils ne trouvent qu'une petite fiole d'huile d'olive pure portant le sceau du Grand-Prêtre. Elle est tout juste suffisante pour blûler un jour, alors qu'il en faut huit pour se procurer une huile conforme. Et là, Ô miracle, la Menora brûle huit jours, sans s'éteindre.
Ce miracle est célébré et remis à l'honneur tous les ans par le peuple juif à 'Hanoucca, une fête non-chômée qui dure huit jours pendant lesquelles on allume un chandelier à huit branches (plus une pour le Chamach qui sert à allumer les autres bougies). On récite des prières de louanges et remerciements supplémentaires.
D'autres coutumes sont également liées à cette fête : jouer à la toupie (où sont gravées certaines lettres hébraïques), donner de l'argent aux enfants ('Hanoucca Guelt en Yddish) et manger des aliments frits dans l'huile comme des beignets ou les latkès (beignets de pomme de terre)...
Avez-vous conscience du fait qu'il y a dans la vie davantage que ce que nous pouvons toucher, ressentir ou sentir ? Qu'il existe une dimension de la réalité qu'aucun de nos sens ne peut percevoir mais qui est aussi réelle que la sensation que l'on a lorsqu'on tient la main de quelqu'un qu'on aime ? Avez-vous déjà médité sur l'âme, l'élément non physique de votre être qui ne peut être détectée aux rayons x ? Croyez vous en D.ieu ?
Si vous avez répondu par l'affirmative à une de ces questions, alors 'Hanoucca est votre fête.
Le monde a été crée en sept jours. Il existe sept notes de musique. Il y a sept jours dans une semaine. Par conséquent, le chiffre sept représente le monde physique que l'on peut toucher, sentir.
Le chiffre huit quant à lui, transcende le monde physique. C'est la raison pour laquelle, les jours du miracle de 'Hanoucca sont au nombre de huit. Bien que le huit émane d'au-delà de nos sens, notre âme peut encore franchir cette limite et sentir sa force.
DÉCRET ANTI-CIRCONCISION
Les Grecs vouaient une aversion profonde au brit mila (la circoncision des garçons au huitième jour de leur naissance). En fait, ils ont carrément proscrit cette pratique.
Pourquoi un tel acharnement ?
Pour commencer, la circoncision va à l'encontre de l'idéal grec de la perfection du corps humain. La nudité était acceptée par la société grecque parce que chaque corps est avant tout une œuvre d'art. Les athlètes grecs concouraient nus. Pour les grecs, la circoncision était la défiguration d'un chef d'œuvre, comme si on couvrait un Renoir de graffiti.
Pour nous, Juifs, la Brit mila est l'une des expressions fondamentales de notre identité juive. Dans le Judaïsme, la plus grande beauté de l'homme se manifeste dans sa relation avec D.ieu. L'homme le plus beau et le mieux " fait " est celui qui reconnaît et accepte l'existence de son âme qui transcende ses sens.
A l'époque de l'oppression grecque, la circoncision était interdite, c'était un crime passible de la peine capitale.
DES JOURS D'ÉLEVATION SPIRITUELLE
Lorsque les Juifs ont libéré le temple des mains des Grecs, la première chose qu'ils ont faite fut d'allumer la Menorah en or. Ils n'avaient qu'une quantité d'huile suffisante pour un jour et la fabrication d'une nouvelle huile prenait sept jours. Mais, le miracle est arrivé. Au lieu de brûler un seul jour, la Menorah est restée allumée huit jours. Aujourd'hui, nous allumons la 'Hanouccia huit jours en souvenir de ce miracle qui nous inspire fortement.
Sur un plan plus profond, les huit jours de 'Hanoucca sont huit jours d'élévation spirituelle.
Ces jours sont aussi l'occasion de regarder à l'intérieur de nous et au-delà, de comprendre qu'il y a des choses bien au-delà de ce que le monde physique ne pourra jamais contenir.
Les grecs détestaient la pratique de la circoncision à cause de son appartenance au monde du " huit " qui évoque ce qui est au-delà des sens ce qui implique qu'il y a quelque chose qui est supérieur au corps.
Le miracle de la fiole d'huile a duré huit jours pour nous rappeler le lien étroit entre le judaïsme et ce monde élevé.
Il est d'usage que pendant 'Hanoucca les cours d'instruction religieuse vaquent l'après-midi ainsi que le soir. Il en fut ainsi depuis toujours et à travers tous les pays. Que faisaient les enfants juifs pendant ces vacances? Ils avaient découvert un jeu en l'honneur de 'Hanoucca : le jeu de la toupie.
Les historiens ont recherché l'origine de ce jeu et ont conclu qu'il est originaire d'Extrême-Orient, probablement des Indes. Là-bas, en effet, grands et petits avaient l'habitude de jouer avec une sorte de cube muni de quatre crochets, qu'ils faisaient tourner et qui symbolisait les quatre points cardinaux.
Au Moyen-Age, ce jeu était très en vogue chez les enfants en Europe Occidentale et particulièrement en Allemagne. Sur les quatre faces de la toupie étaient gravées quatre lettres hébraïques qui étaient les initiales de quatre mots allemands : le " noun"= nichts, qui signifie que l'on n'avait rien gagné; le " guimel " = gut (gagné) ; le " hé " = halb : on avait gagné la moitié de la mise; le " chine" = schlecht : on avait perdu.
Cependant, ultérieurement, les enfants juifs donnèrent à ces lettres une signification hébraïque en y voyant les initiales d'une phrase
" Ness Gadole Haya CHam ", ce qui signifie : un grand miracle s'est produit là-bas (en Terre Sainte).
Certains interprétaient ces quatre lettres par une autre phrase hébraique signifiant : "Siméon l'Asmonéen était un grand prince" (Nassi Gadole Haya CHimone ).
Les cabalistes, à leur tour, découvrirent que ces quatre lettres avaient au total une valeur numérique de 358, valeur même du mot hébreu Machia'h (le Messie).
Ils voyaient par ailleurs, dans ces quatre initiales un symbole des quatre ennemis qui s'étaient acharnés contre Israël et qui avaient été vaincus: Nabuchodonosor, Gog, Haman, Séir (Edom).
C'est en Allemagne donc que les enfants d'Israël donnèrent un caractère religieux à ce jeu profane qu'ils adoptèrent pour 'Hanouca. Ces toupies, on ne les trouvait d'ailleurs pas dans le commerce; il fallait qu'on les fabriquât soi-même. Les enfants du 'Héder avaient l'habitude de collectionner pendant toute l'année tous les déchets de plomb qu'ils pouvaient trouver, en particulier les plombs qui fermaient les sacs de farine. Ils préparaient, par ailleurs, à l'approche dé 'Hanoucca une forme en bois, faite de quatre parties, portant chacune une lettre hébraïque, et c'est au 'Héder même que le plomb était fondu, coulé dans ce moule et les toupies distribuées aux enfants.
Les enfants du 'Héder avaient l'habitude d'examiner attentivement la marche de la toupie qu'ils avaient fabriquée : lorsque la toupie tournait très bien mais restait sur place, ils disaient qu'elle récitait Chemoné Esré (la prière des 18 Bénédictions, où l'on reste debout, immobile). Lorsqu'elle se penchait d'un côté et de l'autre, ils disaient qu'elle récitait Osé Chalom , à la fin de la Chemoné Esré (où l'on se penche altèrenativement à gauche et à droite). Si la toupie par contre faisait de grands tours, elle faisait, disaient ils, les Hakafott de Sim'hat Torah (où l'on fait le tour de la Tévah en portant les Rouleaux de la Torah). Si, enfin, elle tombait d'un côté, elle récitait le Ta'hanoune (supplications).
Bien que traditionnellement les Juifs soient opposés aux jeux d'argent, on permettait cependant aux enfants juifs de jouer pour de l'argent à 'Hanoucca. Mais tout l'argent était ramassé à la fin de la fête et distribué aux pauvres.
A noter, enfin, que depuis la renaissance d'Israël, le " Chine" de la toupie est changé en " Pé " (initiale du mot po = ici) car les Israéliens disent, bien entendu, " qu'un grand miracle a eu lieu ici".